Le secret ? Ou plutôt les secrets ? La foi en ce qu’on fait, l’engagement, la résilience, l’abnégation et la confiance en soi. Vous savez, nous les femmes, culturellement, nous avons été cantonnées dans le rôle de femmes au foyer. Très beau rôle au demeurant. Il s’agit pour nous maintenant de montrer qu’au foyer, nous pouvons bien gérer nos familles mais sur le plan professionnel, nous pouvons bien accomplir les missions à nous confiées, avec le même amour. Je peux vous citer toutes ces femmes à succès qui, brillamment, assurent de hautes fonctions dans la société.
Tenez par exemple dans le domaine des entreprises, si vous prenez les quelques cinq femmes du secteur privé, qui se battent, vous verrez qu’elles y arrivent avec les mêmes résultats que dans la gestion des affaires familiales. Le regard de l’autre sur les femmes comme incapables doit évoluer, car nous sommes capables. 52% d’une population ne peut pas être considérée comme incapable et la personne qui a toujours cru en nous c’est, il faut le dire, le Président Paul Biya. Grâce à lui, les femmes sont passées de 2 maires à 31 sur 674 maires et délégués du gouvernement que compte notre pays. Les femmes représentent 30% du Parlement et quasiment le même taux à la Chambre haute.
C’est pourquoi, je le remercie aussi de la confiance à moi faite pour occuper ce Département ministériel perçu comme propre au management des hommes.
Occuper de hautes fonctions, était-ce un rêve d’enfant pour vous ?
(Posée) Rêve d’enfant… peut être pas. C’était le rêve de mon défunt père. Oui car, sur une multitude d’enfants, je suis la seule à porter le nom de mon père. Il s’appelait Ketcha Etienne. Dans nos traditions à l’Ouest, lorsqu’un enfant naît, le père choisit son meilleur ami et lui donne le nom. Nous étions environ 23, c’était Njoya Ketcha, Ngamko Ketcha, etc. toujours d’autres noms en plus du sien. Quand on l’a informé de ma naissance, il a dit : «vous allez dire que c’est moi.
Elle s’appellera Ketcha Célestine». Célestine vient du prénom de son frère qu’il aimait beaucoup, Soup Ngangue Célestin. Ma mère était étonnée par son choix. Elle lui a rappelé que j’étais une fille, que j’allais me marier et que le nom Ketcha allait disparaître. Mon père lui a répondu : «mon nom ne disparaîtra jamais avec elle». C’est pourquoi, j’aime toujours qu’on m’appelle Ketcha épouse Courtès (Sourire). Ma mère encore plus dynamique que moi, amoureuse du RDPC et de son Président National, y croyait ; paix à son âme. Le Chef de l’Etat m’élève et réalise leur rêve alors que tous deux ne sont plus de ce monde. Ainsi va la vie.
Cette année, une nouvelle corde s’est donc ajoutée à votre arc. Comment vous organisez-vous ?
Comme je l’ai dit plus haut, je compte sur mes collaborateurs. Je suis à l’écoute des villes. Vous savez que je viens aussi du secteur privé, j’ai réorganisé mes affaires et nommé un responsable Afrique à qui j’ai délégué en totalité la gestion de mes affaires privées. Au niveau du Cameroun, j’ai une belle équipe conduite par Justine Nkake, une dame qui n’est pas de mon village, mais qui travaille de manière loyale à mes côtés depuis plus de dix ans.
Au niveau de mes fonctions d’élue locale, j’ai responsabilisé davantage mes soeurs maires du Réseau des femmes maires du Cameroun dont j’étais la présidente et d’autres au niveau africain qui sont avec moi au Réseau des Femmes Elues Locales d'Afrique. Je m’organise de manière plus serrée que lorsque j’étais maire, parce que les responsabilités sont plus grandes, les risques plus élevés de prendre de mauvaises décisions qui impactent négativement sur la mission que le Chef de l’Etat m’a confiée ou les grandes attentes des populations, quant à leur rêve de me voir apporter la dynamique de Bangangté dans leur ville. Donc, je fais plus attention. Et cela m’oblige à me tenir à un calendrier très serré, à être plus rigoureuse vis-à-vis de moi-même et de mes collaborateurs.